Les premiers marais de l’île de Ré auraient été créés au 12ème et 13ème siècle à l’instigation des Religieux de Saint Michel en l’Herm, alors seigneurs des îles d’Ars et de Loix. Les archives ayant été détruites au cours des guerres de religions, les premières traces des marais remontent officiellement au dernier quart du 15ème siècle. Les marais ont été gagnés sur la mer par un système d’endiguement qui emprisonne les dépôts d’alluvions et de vase. L’extention de ces prises, continuera jusqu’à aboutir au 19ème siècle à près de 1 500 hectares de territoires salicoles conquis sur le domaine marin, soit 18% de la surface de l’île.
La petitesse de l’île de Ré n’aurait pu suffire à subvenir aux besoins de la population qui y a vécu, s’il n’y avait eu la vigne dans la moitié orientale de l’île et la mer avec la pêche et le commerce du sel. Le sel élément indispensable de l’alimentation et le meilleur des conservateurs fut au Moyen-Age une des marchandises les plus importantes du trafic maritime. En effet, l’île de Ré était naturellement un lieu d’escale pour les nefs qui longeaient la côte Atlantique, et était devenue au cours du 13ème siècle la voie habituelle du trafic des vins d’Aunis vers le Nord.
Plus du tiers des Rétais qui ont vécu au début du 20ème siècle ont été sauniers. Ceux-ci étaient regroupés sur Ars, Loix, les Portes, Saint Clément et la Couarde. Ceux qui ne produisaient pas le sel, bourgeois, marins et marchands, tiraient leurs principales ressources de son commerce en étant respectivement propriétaires, transporteurs et trafiquants. Le nombre de sauniers de 1905 à 1944 illustre la décroissance de l’activité : on passe de 316 à 48 sauniers seulement. Les derniers exploitants ont une moyenne d’âge de 63 ans. Cette activité supplantée par d’autres moins aléatoires et saisonnières telles que l’agriculture, l’ostréiculture et le tourisme. C’est en voyant le dépérissement de cette activité qui pendant des siècles avait été le coeur de la vie de l’île que l’Association des amis du marais salant s’est créée, et que la Société Esprit du Sel s’est faite l’ambassadeur du sel de l’île de Ré sur l’ensemble des continents.
La gabelle, impôt sur le sel (abolie trop tard le 1er janvier 1946) et le climat tempéré rendait les salines françaises de l’Atlantique moins compétitives que les salines portugaises ou espagnoles. De 1844 à 1846, les récoltes ayant été nulles, les pêcheurs eurent l’autorisation ministérielle de se ravitailler au Portugal. Dans le même temps, le développement des transports ferroviaires facilitait la circulation d’un sel qui ne dépendait plus du temps : le sel gemme ou le sel de mine. Elle s’élève à 0,40F par kilo en 1818, Louis XVIII la ramène à 0,30F en 1814, la Seconde République la fait descendre jusqu’à 0,10F, puis elle remonte à 0,60F en 1926 et enfin à 1,34F en 1944.
La circulation de l’eau et l’évaporation dans le marais salant. Le marais salant est, en réalité, un grand évaporateur solaire ou “vents et soleil” conjugués vont nous permettre d’évaporer l’eau de mer. Le sel marin sera récolté uniquement dans les aires saunantes où l’eau atteindra une salinité de l’ordre de 260 grs par litre.